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Zone d'expérimentation
5 mai 2010

Nuit et brouillard au dessus d'un lit bancal, par Djimi

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Lui : Allez, bonne nuit chérie…

Elle : ça y est !

Lui : Quoi ?

Elle : …

Lui : Mais qu’est-ce tu as. Parle !

Elle : Comme d’habitude, tu te couches, tu t’endors, tu vas même ronfler et moi, à côté de toi, dans ce lit, je vais servir de décors qui t’est si familier.

Lui : Ben quoi ?

Elle : Tu sais, mon coco, qu’une femme, ça ne sert pas qu’à meubler ton lit, à prendre de la place sous tes draps, ce qui fait que tu dois partager ton lit en deux et n’en posséder qu’une moitié pour toi ?

Lui : Arrêtes de me prendre pour un con, qu’est-ce qu’il y a, bordel ?

Elle : Eh bien, il n’y a pas que le lit que tu partages ! Moi aussi, je suis là !

Lui : Ah, fallait le dire ! Mais c’est bon…On vient de le faire !

Elle : Ah oui ? Et quand ça ? On vient de se mettre au lit. Tu veux dire, hier ? Ce weekend ? Le mois dernier ou l’année prochaine, peut-être ?

Lui : Putain, t’es chiante, tu m’emmerdes avec ça alors que je me suis tapé un boulot monstre et fatiguant toute la journée.

Elle : Je sais, tu me le dis chaque soir, mon capitaine de navire !

Lui : Ben, ça veut dire que je bosse madame ! Je ne caresse pas les touches d’un clavier à longueur de journée en guettant tous les vas et viens de ta salle d’attente en espérant attraper des bribes d’intimité des patients de ton incapable de patenté qui cherche plus à battre des records chez le fisc que dans l’altruisme… Hippocrate, ça doit être plus un mot qui lui sert à gagner des points au scrabble qu’une vraie philosophie, pour lui…

Elle : Laisse, Robert en dehors de nous. Je te parle de toi et de moi. Et de celui qui hiberne entre tes jambes aussi ! Tu souviens avoir parlé de nous comme « une petite chimie explosive de poche » l’avant-siècle dernier en me draguant ?

Lui : J’ai dit ça moi ? Je suis con, des fois (rires).

Elle :  hin hin hin… Je confirme : tu es con et en plus, tu es mou comme un pneu crevé que je suis fatigué de devoir réchapper sans cesse.

Lui : Mais arrêtes ! Tu fais chier ! Pourquoi tu m’agresses comme ça, ce soir ? Je t’ai fait prendre l’avion, il y a deux jours de ça…Ou trois, ou je ne sais plus…enfin, peu importe. Tu as pris ton pied, non ?

Elle : Mais bien sûre : j’ai même arraché les rideaux comme une tigresse affamée de sexe, mon acteur porno manqué ?

Lui : Quoi encore ? Pourquoi acteur porno manqué ?

Elle : Et oui, monsieur ! A chaque fois que tu me fais l’amour –enfin, si je peux me permettre d’utiliser ce qualificatif avec un baiseur-né de ton espèce- je sens presque la présence de la caméra, des éclairages et de l’équipe technique près du lit. J’appréhende presque à chaque fois, que le réalisateur de ton film, hurle dans son parlophone, des « ok coupé ! La scène du cunnilingus maintenant ! » Tout ça, au moment où je sens s’esquisser le petit frisson semi-volcanique en moi !

Lui : N’importe quoi ! Tu délires ma vieille !

Elle : Et tiens ! Puisque je parle de cunnilingus, je n’ai pas osé te montrer que je me suis presque assoupie le dernier soir où tu as fait « mumuse » avec mon clitoris. J’ai d’abord eu envie de rire en m’apercevant que tu t’acharnais dessus comme tu le fais avec ton joystick en pleine course de Gran turismo, puis j’ai commencé, pour te faire plaisir, à gigoter comme ta Mitsubishi préférée : de droite à gauche, en assurant bien tes virages, avant de m’assoupir au deuxième tour. Et conne comme je le suis trop souvent, quand je me suis éveillée brusquement et que je t’ai sentie encore, entre mes jambes et loin de l’arrivée de ta course sur le parcours de Monaco, j’ai fait mine de glisser de nouveau sur le bitume en pleine vitesse en simulant un gémissement de moteur en rut. Ca a eu l’air de te motiver d’ailleurs, mais la prochaine fois que tu n’y mets pas du tien et que tu te fais ce genre de plaisirs égoïstes, je te ferai le coup de la panne d’essence et celle là, elle sera très moyennement romantique, je te le promets, mon coco !

Lui : Tu infantilises vraiment notre relation. Et tu me prends vraiment pour un abruti. Et toi, tu te crois peut être la reine des draps en fusion ? Tu as les seins aussi sensibles que les nichons secs d’une Somalienne qui allaite son gosse, en moins gros en plus ! J’ai toujours la trouille pendant que je tente de les exciter que tu étires le bras vers la table de chever pour tirer une clope du paquet et t’exciter sur une autre tige que la mienne. Je mets à chaque fois des plombes pour extirper tes seins de leur torpeur et en guise de « je t’aime », tes tétons ne m’esquissent, à chaque fois, que des « peut-être, mais on verra demain… ». Tu crois que c’est motivant, ça ?

Elle : Mais qu’est-ce que tu peux être con ! Tu n’as qu’à mieux t’y prendre. Apprends à les domestiquer, à les amadouer, à les aimer au lieu de tirer dessus comme s’ils étaient en pâte à modeler ! Des fois je me demande si je suis ta femme ou ton jouet…

Lui : Tu parles d’un jouet ! Dans le jeu, il y a une notion de plaisir. Toi, tu es toujours en train de ronchonner pour un oui ou pour un non. Je suis sûre que quand tu es née, tu n’as pas crié comme le fait un nourrisson mais que tu as hurlé « fais chié !! ». Je ne te raconte pas, le plaisir que c’est de vivre avec toi.

Elle : Ah oui, ça t’emmerde de vivre avec moi ! Ben alors, casse-toi ! Ici, c’est mon appart’ de toute façon, alors lève ton gros cul et dégages ! Barre-toi et laisse-moi « ronchonner » tranquillement. Et surtout laisse-moi respirer ! Allez vas-y, lèves-toi, sors de ce lit et va t-en ! Allez !

Lui : Oui mais demain. Là je me suis tapé un boulot monstre et fatiguant toute la journée. Je vais dormir…

Elle : pfffff

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Commentaires
D
Alors ce texte ?<br /> Saynète de ménage ? OK. Dialogues entraînés et incisifs ? OK.<br /> <br /> Le sujet est classique, à tout le moins, l'engueulade au moment de faire l'amour, la forme éculée, silence, réparties, grandes tirades.<br /> De prime abord, j'ai eu le même ressenti que Gwen soulignant cette propension à phraser, assez peu crédible.<br /> Puis je me suis laissé sourire des images, lisant peut-être autre chose qu'une scène de ménage (la virulence est en effet artificielle), un couple qui débat, amusant jusque dans l'invraisemblance du joystick.<br /> Alors si on se projette difficilement (du moins quand on a déjà vécu des scènes de ménage), la lecture n'en reste pas moins agréable.<br /> <br /> Quant aux attentes de ce blog, elles ne sont effectivement pas dans l'originalité à tout crin.<br /> Je pense que ce que Gwen voulait souligner relevait plus de l'effort de dépassement par l'écriture, profiter de ce vecteur pour explorer de nouveaux territoires, de forme ou de fond.<br /> Maintenant, s'essayer à imaginer une scène de ménage peut parfaitement en relever, non ?
L
ça m'a fait rire: serai-je bon public? Certaines images sont très amusantes "la reine des draps en fusion" ou "la petite chimie explosive"<br /> Le début est bien un dialogue de dispute: ça s'envenime petit à petit...après, l'échange est trop riche d'images pour qu'on y croit.<br /> Je me suis demandé pourquoi Robert disparaissait aussi vite qu'il était venu :il promettait d'être un sujet (un peu con venu) de prise de tête. <br /> Je crois aussi que si madame fantasme qu'elle est actrice de porno, c'est peut-être que monsieur n'est pas aussi fatigué qu'elle le dit!<br /> La fin est réussie: elle adoucit la scène et traduit bien la mollesse de ces libidos anéanties.
D
Je comprends vos ressentis et vos commentaires.<br /> J'avoue ne pas avoir cherché l'originalité sur la continuité et la globalité, mais me suis surtout amusé sur trois des passages du texte en jouant sur des images, ainsi que sur la conclusion.<br /> Ayant pris le blog en cours, je n'avais pas vraiment compris que le but était d'écrire des textes qui sortent de l'ordinaire mais de travailler en atelier d'écriture virtuel, même si je l'ai un peu fait sur mes deux textes précédents, ce qui était de ma volonté propre.<br /> Dommage, car les deux textes qui vont suivre sont dans la veine de celui-ci : classiques sur le fond comme sur la forme mais avec des touches par-ci, par-là...<br /> Sinon, Gwen, c'est amusant que tu cites la scène "de tournage de film" car c'est plutôt celle de "la playstation" pour laquelle, j'ai eu un réel doute concernant sa crédibilité.<br /> Enfin, concernant le joystick, j'avoue : l'erreur est volontaire puisqu'une manette de playstation ne peut ressembler à un clitoris.<br /> Puis concernant tes exemples pour sortir du réel ("la femme est un robot, c’est un couple de lapin, ce sont des jouets Barbie & Ken >> Ah non celui-ci on l’a déjà lu ici mais évidemment je ne peux pas m’empêcher de faire le rapprochement"), il me font beaucoup trop penser à une littérature fantastique des années 30 & 40 comme Jean Ray, Richard Matheson, Weird Tales etc, qui ont fascinés mon adolescence mais qui sont loin de mon univers d'aujourd'hui. Je me pense, de toute façon, incapable de créer du fantastique et je ne crois pas en avoir envie, en fait. Ou à la rigueur des formes irréelles de psychotismes.<br /> Pour Ken et Barbie, c'est la mise en abîme qui m'a plu, surtout. <br /> Enfin, tout ça pour dire qu'on essayera de faire mieux la prochaine fois.
D
Effectivement, il manque un petit quelque chose pour relever vraiment la scène et la faire tomber dans le réel. Un peu comme si ça suivait un chemin trop bien pavé.
G
Que dire de ce texte ?<br /> J’aime les deux dernières phrases, la conclusion est sympathique.<br /> <br /> Par contre je ne suis pas fan de l’histoire qui est contée. La situation est classique, le déroulement est prévue, il manque la touche de folie qui aurait fait sortir l’histoire de l’ordinaire (ex : la femme est un robot, c’est un couple de lapin, ce sont des jouets Barbie & Ken >> Ah non celui-ci on l’a déjà lu ici mais évidemment je ne peux pas m’empêcher de faire le rapprochement). C’est une saynète de ménage, certes, mais bon sang, ils aiment phraser ces gens ! Ils parlent trop ! Ils feraient mieux de se battre, ça créerait de l’action.<br /> <br /> En fait je n’y crois pas une seconde à cette engueulade. Par exemple, le rapprochement avec le tournage d’un film, même s’il te va bien (tu sais de quoi tu parles) ne lui va pas à cette dame. Je ne comprends pas pourquoi elle se croit sur un tournage… Il est peut-être trop tôt, ce matin quand je lis ton texte ! Enfin, j’ai l’impression que tu as écrit ce texte juste pour écrire un texte sur le thème. Tu t’es forcé, t’étais pas inspiré…<br /> <br /> Awa, ne prends pas mal ce que je te dis Djimi. Tu me demandais hier mon avis sur ton texte. Le voici. Je préférais vraiment le texte du poisson rouge, du train sans me lâcher la main (je ne me souviens plus des titres, j’improvise) et l’échange épistolaire entre René et Estelle<br /> <br /> Ce n’est que mon avis, il vaut ce qu’il vaut, pas grand-chose sûrement ;)<br /> <br /> (Détail de G33K : ça fait longtemps qu’on n’utilise plus de Joystick pour jouer à GT)
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