Nuit et brouillard au dessus d'un lit bancal, par Djimi
Lui : Allez, bonne nuit chérie…
Elle : ça y est !
Lui : Quoi ?
Elle : …
Lui : Mais qu’est-ce tu as. Parle !
Elle : Comme d’habitude, tu te couches, tu t’endors, tu vas même ronfler et moi, à côté de toi, dans ce lit, je vais servir de décors qui t’est si familier.
Lui : Ben quoi ?
Elle : Tu sais, mon coco, qu’une femme, ça ne sert pas qu’à meubler ton lit, à prendre de la place sous tes draps, ce qui fait que tu dois partager ton lit en deux et n’en posséder qu’une moitié pour toi ?
Lui : Arrêtes de me prendre pour un con, qu’est-ce qu’il y a, bordel ?
Elle : Eh bien, il n’y a pas que le lit que tu partages ! Moi aussi, je suis là !
Lui : Ah, fallait le dire ! Mais c’est bon…On vient de le faire !
Elle : Ah oui ? Et quand ça ? On vient de se mettre au lit. Tu veux dire, hier ? Ce weekend ? Le mois dernier ou l’année prochaine, peut-être ?
Lui : Putain, t’es chiante, tu m’emmerdes avec ça alors que je me suis tapé un boulot monstre et fatiguant toute la journée.
Elle : Je sais, tu me le dis chaque soir, mon capitaine de navire !
Lui : Ben, ça veut dire que je bosse madame ! Je ne caresse pas les touches d’un clavier à longueur de journée en guettant tous les vas et viens de ta salle d’attente en espérant attraper des bribes d’intimité des patients de ton incapable de patenté qui cherche plus à battre des records chez le fisc que dans l’altruisme… Hippocrate, ça doit être plus un mot qui lui sert à gagner des points au scrabble qu’une vraie philosophie, pour lui…
Elle : Laisse, Robert en dehors de nous. Je te parle de toi et de moi. Et de celui qui hiberne entre tes jambes aussi ! Tu souviens avoir parlé de nous comme « une petite chimie explosive de poche » l’avant-siècle dernier en me draguant ?
Lui : J’ai dit ça moi ? Je suis con, des fois (rires).
Elle : hin hin hin… Je confirme : tu es con et en plus, tu es mou comme un pneu crevé que je suis fatigué de devoir réchapper sans cesse.
Lui : Mais arrêtes ! Tu fais chier ! Pourquoi tu m’agresses comme ça, ce soir ? Je t’ai fait prendre l’avion, il y a deux jours de ça…Ou trois, ou je ne sais plus…enfin, peu importe. Tu as pris ton pied, non ?
Elle : Mais bien sûre : j’ai même arraché les rideaux comme une tigresse affamée de sexe, mon acteur porno manqué ?
Lui : Quoi encore ? Pourquoi acteur porno manqué ?
Elle : Et oui, monsieur ! A chaque fois que tu me fais l’amour –enfin, si je peux me permettre d’utiliser ce qualificatif avec un baiseur-né de ton espèce- je sens presque la présence de la caméra, des éclairages et de l’équipe technique près du lit. J’appréhende presque à chaque fois, que le réalisateur de ton film, hurle dans son parlophone, des « ok coupé ! La scène du cunnilingus maintenant ! » Tout ça, au moment où je sens s’esquisser le petit frisson semi-volcanique en moi !
Lui : N’importe quoi ! Tu délires ma vieille !
Elle : Et tiens ! Puisque je parle de cunnilingus, je n’ai pas osé te montrer que je me suis presque assoupie le dernier soir où tu as fait « mumuse » avec mon clitoris. J’ai d’abord eu envie de rire en m’apercevant que tu t’acharnais dessus comme tu le fais avec ton joystick en pleine course de Gran turismo, puis j’ai commencé, pour te faire plaisir, à gigoter comme ta Mitsubishi préférée : de droite à gauche, en assurant bien tes virages, avant de m’assoupir au deuxième tour. Et conne comme je le suis trop souvent, quand je me suis éveillée brusquement et que je t’ai sentie encore, entre mes jambes et loin de l’arrivée de ta course sur le parcours de Monaco, j’ai fait mine de glisser de nouveau sur le bitume en pleine vitesse en simulant un gémissement de moteur en rut. Ca a eu l’air de te motiver d’ailleurs, mais la prochaine fois que tu n’y mets pas du tien et que tu te fais ce genre de plaisirs égoïstes, je te ferai le coup de la panne d’essence et celle là, elle sera très moyennement romantique, je te le promets, mon coco !
Lui : Tu infantilises vraiment notre relation. Et tu me prends vraiment pour un abruti. Et toi, tu te crois peut être la reine des draps en fusion ? Tu as les seins aussi sensibles que les nichons secs d’une Somalienne qui allaite son gosse, en moins gros en plus ! J’ai toujours la trouille pendant que je tente de les exciter que tu étires le bras vers la table de chever pour tirer une clope du paquet et t’exciter sur une autre tige que la mienne. Je mets à chaque fois des plombes pour extirper tes seins de leur torpeur et en guise de « je t’aime », tes tétons ne m’esquissent, à chaque fois, que des « peut-être, mais on verra demain… ». Tu crois que c’est motivant, ça ?
Elle : Mais qu’est-ce que tu peux être con ! Tu n’as qu’à mieux t’y prendre. Apprends à les domestiquer, à les amadouer, à les aimer au lieu de tirer dessus comme s’ils étaient en pâte à modeler ! Des fois je me demande si je suis ta femme ou ton jouet…
Lui : Tu parles d’un jouet ! Dans le jeu, il y a une notion de plaisir. Toi, tu es toujours en train de ronchonner pour un oui ou pour un non. Je suis sûre que quand tu es née, tu n’as pas crié comme le fait un nourrisson mais que tu as hurlé « fais chié !! ». Je ne te raconte pas, le plaisir que c’est de vivre avec toi.
Elle : Ah oui, ça t’emmerde de vivre avec moi ! Ben alors, casse-toi ! Ici, c’est mon appart’ de toute façon, alors lève ton gros cul et dégages ! Barre-toi et laisse-moi « ronchonner » tranquillement. Et surtout laisse-moi respirer ! Allez vas-y, lèves-toi, sors de ce lit et va t-en ! Allez !
Lui : Oui mais demain. Là je me suis tapé un boulot monstre et fatiguant toute la journée. Je vais dormir…
Elle : pfffff