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Zone d'expérimentation
19 mai 2010

Sexe, adolescence, cannabis et actes manqués, par Djimi

texte



Elle : Tu m’aimes ?

Lui : Oui

Elle : Parle-moi un peu s’il te plait.

Lui : De quoi ?

Elle : Je ne sais pas. De tes aventures. D’une fille que tu as aimée. De quelque chose de ce genre…

Lui : Euh…Je ne sais pas. Ce serait un peu long, je crois. Tu veux des anecdotes ?

Elle : Allez !

Lui : Attends, je cherche…
Ah, oui. J’en ai une qui me vient.

Elle : Vas-y. Raconte-la s’il te plait.

Lui : Alors, c’est quand j’étais adolescent. A cette époque j’étais à peine plus âgé que toi et je plaisais aux filles. J’en avais un peu conscience, mais je n’en jouais pas forcément, d’autant que « jouer » n’est pas forcément le mot adéquat puisqu’il y a souvent des complexités dans une relation même lorsqu’elle est éphémère.
C’est donc à cette époque où je traînais beaucoup dans mon quartier que je croisais souvent une jolie petite rousse qui me plaisait beaucoup. Un soir où je restais à ne rien faire sous un abri de bus, elle est passée, dans la rue, devant moi. Comme on se connaissait de vue, elle est venue me parler. On a fumé un joint en discutant, puis alors que je réfléchissais à la manière de la séduire, une autre nana de ma connaissance, la petite amie d’un pote du quartier, est venue se joindre à nous. Cela ne me dérangeait pas du tout. Et, bien qu’elle fût de plusieurs années mon ainée, je lui parlais généralement avec franchise comme on le fait avec une amie. Je suppose qu’elle a calculé mon petit jeu avec la jeune rouquine puisqu’elle a commencé à me draguer ouvertement.
A ce sujet, j’avais eu une courte relation avec une petite nana de banlieue qui s’est terminée en queue de boudin car une autre fille du quartier l’avait harcelé et menacé au téléphone en lui stipulant que si elle revenait dans le coin, elle se ferait buter car j’étais soi-disant « son » mec. Ca a découragé la petite meuf de banlieue que j’ai beaucoup moins vue à partir de ce temps là, après des pleurs et des discussions interminables autours de son manque de confiance en moi. Tandis que moi, je n’arrivais pas à comprendre de qui pouvaient venir ces appels. J’avais tout de même un doute sur leur provenance et je supposais que c’était la petite-amie de mon pote qui avait parfois des paroles qui pouvaient être brutales.
Et ce soir là, dès qu’elle est arrivée sous l’abri de bus, c’étaient des « viens, je vais te sucer » par-ci, des « allez, viens, juste 5 minutes dans les escaliers de ton immeuble » par là. Au bout d’un moment, je me suis tellement senti traqué que j’ai accepté, en laissant la petite rousse sous l’abri bus et que j’ai emmené la nana chez moi. Et puis, ça me donnait bien envie, d’autant plus que son mec, mon pote, se vantait d’être polygame. Je me suis dit que ça ne coûterait rien de coucher avec elle. Et pas de remords, non plus.
On est arrivé chez moi et je l’ai emmené dans ma chambre. On a d’abord fumé un autre stick puis on s’est mis au lit. Je me souviens que j’étais bien stone, limite lobotomisé. Puis, elle s’est mise à me raconter sa vie et notamment des passages difficiles de son existence : qu’elle avait été mariée, que son mec la battait, qu’au boulot, ça n’allait pas non plus et qu’elle s’était jeté du haut d’un escalier pour se tuer puis qu’elle avait subi un internement psychiatrique.
Moi, à côté d’elle, dans le lit, j’étais de plus en plus stone et impressionné en écoutant ses histoires. Puis comme j’étais beaucoup trop jeune et immature pour recevoir de telles informations, je me suis senti, rapidement, m’enfoncer dans une sorte de néant, comme si le joint commençait à virer au rouge dans mon cerveau. J’étais complètement décalqué. Quant à elle, comme elle s’était soulagée d’un poids en me racontant ses déboires, ça a dû la ragaillardir, car elle s’est tournée vers moi et a commencé à m’embrasser. A ce moment là, j’étais complètement « à la rue ». Paumé, quoi. Et impossible de sentir une quelconque motivation et encore moins d’excitation. Puis, on a fini par dormir chacun de notre côté, après qu’elle m’ait avouée qu’elle ne « trouvait pas ça très grave » et que « j’allais changer avec le temps »…
Il m’a fallu beaucoup de temps justement, pour comprendre ces simples mots car quand on est tout jeune on n’entend pas toujours les paroles d’un ou d’une aînée comme elles devraient être reçues. Il y a souvent un pont gigantesque qui se traverse trop doucement, avec le temps, entre deux êtres, dont l’un des d’eux, plus âgé, a nettement plus d’expériences de vie. Et pour un jeune homme, la non satisfaction dans un acte sexuel est très éprouvante puisque c’est le moment où il apprend à faire l’amour. Je me souviens avoir longtemps cherché la signification de ces paroles qui m’avaient blessé dans mon orgueil. Alors que celles-ci m’avaient été données avec beaucoup de tendresse et d’affection. Je crois qu’à ce moment précis, je suis allé chercher très loin, ce qui se trouvait à portée de moi, dans mon lit, sa tête posée sur le même oreiller que moi…
L’inconscient est souvent, comme un carrefour à mille voies très mal éclairées. C’est pourquoi, des fois, l’esprit refuse de prendre en compte certaines données, et prend la fuite on ne sait où…Tu comprends ?

Elle : …

Lui : Tu dors ?

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Commentaires
D
j'aime beaucoup le dialogue d'introduction. Et puis l'anecdote est vite bien dirigée pour éveiller l'attention (voyeuse) du lecteur. <br /> <br /> Et puis, je dois avouer, que juste après l'intervention de la deuxième jeune fille, ça devient nettement confus ! L'anecdote dans l'anecdote m'a un peu fait perdre le pied dans la narration (le troisième paragraphe du monologue donc). Mais ça n'est qu'un moment de flottement, puisque l'histoire prend ensuite une autre direction. <br /> <br /> A ce sujet, la transition super violente entre la quiétude de la rencontre avec la rouquine (on imagine une belle soirée ensoleillée aux couleurs chaudes dans l'air tiède... toussa toussa) et l'intervention ultra libidineuse de la seconde fille, m'a un peu fait froid dans le dos :-s <br /> <br /> Et elle est devenue quoi la rouquine en question ? Paf ! un peu trop vite oublié à mon goût. Du coup le sens véritable de ce qui suit est peut être un peu parasité par cette introduction et cette bifurcation abrupte. <br /> <br /> Quant à la chute... j'ai du mal à croire qu'un si court souvenir, parsemé de piquant à ce point ait pu venir aussi facilement à bout de la veille de l'interlocutrice. <br /> <br /> Pour ce qui est de l'ambiance, le choix du vocabulaire me semble bien approprié aux personnages.
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