....................Chant n°1

....................Grognements sourds, cris stridents
....................Bruissements aveugles
....................Et voix de fausset chantante
....................A la cime des arbres chahutés…
....................Oh ! Le marathon de bruits entêtants.
....................Je suis l’effrayé, il me manque la parole
....................Rompre solitude, casser peur, éclairer nuit
....................Clap clap des mains pour conjurer le sort.
....................Crack ! Prendre pierre pour me défendre
....................Vite, fuir jambes au cou, loin, loin
....................Mon habitat ne finit pas, vaste est la jungle
....................Après le premier arbre qui la cache…

....................Je suis homme et dépose pierre
....................Toi qui me suis sans jamais m’approcher
....................Toi mon semblable
....................Apporte pierre, là, près de l’eau qui va en pleurant
....................Une plus une, encore une
....................Un mur, première fondation.
....................D’autres parvenus jusque là
....................Déposèrent aussi leur pierre.
....................Nous formerons un clan.

....................De ces époques relatives naquirent avec le temps
....................Des villes somptueuses
....................Petra la troglodyte
....................La cité d’Ur et ses innombrables colonnes en chemin
....................Des villes mondes englouties
....................Pompéi la bourgeoise aux pieds cendrés
....................Incendié Tenochtitlán la Venise mexicaine,
....................Oubliée ! La ruche sculpturale de Rangpur
....................Seuls, demeurent les vestiges et les milliers de singes
....................vacanciers qui la peuple !

....................Apparaissent des villes « île »
....................Les tarodières en friches des terres du grand Pacifique
....................l’attestent.
....................En Mésopotamie, des talus érodés nous situent des
....................Babylones.
....................Et les catacombes racontent Alexandrie, dénombrent
....................Lutèce, évoquent l’histoire.

....................Byzance, Constantinople, Istanbul
....................Trois noms pour une ville qui traversa l’age de bronze
....................L’age de fer et qui résiste encore aujourd’hui
....................Avec le béton et insiste avec l’acier.

....................Tenace, la ville l’est par les hommes et les femmes qui
....................la vivent
....................Depuis la première pierre.

....................Chant n°2

....................Aujourd’hui une autre jungle apparaît. Bosquets
....................d’immeubles clairsemés dans une savane de maisons
....................annoncent, imminente, une ville tout azimut.

....................Pampelune,
....................................Djakarta,
................................................Istanbul,
...........................................................Reykjavik,

....................Dans le fourmillement quasi électrique d’Agadir à la
....................tombée du jour
....................A l’aube sur les quais de St Petersbourg face au golf de
....................Finlande
....................Dans les quartiers Sévillans de l’exposition universelle
....................Vilnius,
..............................Kairouan,

....................Dans l’air poisseux en été à Mogadiscio
....................Monte du dédale urbain
....................Tout un empire de murmures
....................De bla-bla disparates
....................Et de bruits lâchés dans l’époque qui va avec.

....................Toronto,
...............................Pondichéry,
...............................................Sapporo,
...........................................................Minsk,

....................Ne sont pas si différentes d’Anchorage
....................Ou de Nouméa
....................Et Nouméa
....................Cherche l’accord
....................Tâtonne sa partition à l’instinct
....................Le rôle qu’elle s’est choisie ne se fera pas du jour au
....................lendemain …

....................Blotti dans le dessein vallonné qu’offre la presque ville
....................Encre balbutiante
....................J’écoute et devine les quartiers résidentiels
....................Souvent troublé par toute une société de gardiens
....................canins bleus
....................Excitée par le pas léger d’un promeneur le nez dans les
....................étoiles
....................Par le clapotis distinct d’un digicode
....................Ou par le retentissement lointain
....................D’un klaxon aboyant tant bien que mal sous les coups
....................de boutoir de l’impatient …

....................Les hommes ne sont pas des chiens
....................Mais les chiens implorent les hommes libres.

....................Crescendo, l’opéra fleuve des cylindrées à deux, à
....................quatre roues et plus
....................Déferle sur le cœur de la cité
....................Avec tout le secours des sirènes agonisantes.
....................Une ville respire entre deux circulations
....................La horde des véhicules s’éloigne comme le promeneur
....................en toute hâte.

....................Le chant de la ville se fait alors plus nuancé.

....................Miaulements de violon, corne de brume au lointain
....................Cris enthousiastes d’une victoire improbable sur
....................Playstation
....................Et l’apéro qui chantonne au balcon du énième
....................Le bison qui se fume en substance…
....................Ferveur de la côte blanche les soirs de sound-system !
....................Mêlés à la gouaille de milliers de margouillats
....................Aux radios alentour, au ressac de la mer toute proche…

....................Car la ville, à la tombée de la nuit, trépigne comme un
....................théâtre avant le lever de rideau
....................Casablanca,
.....................................Avignon,
................................................Copenhague,
..................................................................Ispahan,
.............................................................................Oulan bator,

....................Une grande fête se prépare et les acteurs sont tout à la
....................fois les spectateurs de ce carnaval impétueux.

....................Nouméa bourdonne à bras ouverts
....................Son destin d’être ensemble
....................- Frénésie de Boat People -
....................Embarqué par Corto Maltese
....................En barreur émérite
....................Pour un autre bout du monde
....................Sur le flow d’une pirogue qui trouve sa parole.

....................Ils transforment la ville
....................La rende gloutonne
...................._ Férocité des snacks et jonglage de barmaids !
....................La ville épanche toute soif de vivre
....................Dans les discothèques en émoi
....................Ou dans le clair obscur des plages

....................Et je sais, non loin des lisières, à la périphérie
....................Les squats et les nouveaux quartiers
....................Déployant - symphonie baroque !
....................Des trésors de rêves ronflants.
....................Ainsi, dans le statu quo banlieusard
....................Avec ou sans l’appoint de somnifères
....................Les riverains de la brousse
....................De Dumbéa, d’Alice Springs ou de Manaus
....................En tournant le dos à la ville
....................Echappent à l’insomnie des capitales
....................Et goûtent par le songe
....................Aux bienfaits d’une escapade en forêt,
....................Aux coups d’chasse matinaux aux abords des lisières.

Le chant des villes, par alixte en live

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