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Zone d'expérimentation
26 juin 2009

Secret touch

Bandaged_invisible_woman_by_misterdoe

J'aime à me glisser entre ses draps lorsqu'il dort. Une caresse de soie épouse mes formes, me révèle.
Il me sent, me ressent. Des lèvres de papillon longent son cou long et fin, des dents se posent délicatement à la jonction de son épaule et de sa nuque. Tout doucement, l'émail frôle à peine, suffisamment pour qu'il en frissonne légèrement.
Ses yeux palpitent sous les paupières, il rêve.
Ma main s'empare avec délicatesse de la sienne, la porte à mon sein. La main prend vie dans son sommeil. Elle s'éveille et caresse avec une infinie tendresse cette peau, cette courbe, ce mamelon oubliés. Il rêve.
Je sens ma peau qui réagit, chaque poil se dressant sur le derme. Envie.

Je m'allonge près de lui. Ma langue se trace un chemin dans son masque de loup, cherche ses pointes qui se dressent irrémédiablement sous mes lèvres joueuses. Les baisers dévorent silencieusement les côtes, il tressaille. Je me délecte de ses hanches, il soupire.

Je repousse le drap que tend son sexe gonflé. Il rêve. De moi. Ne surtout pas le réveiller. Rester un songe.

La gourmandise engendrée par ce sucre d'orge goûteux et délicieux est insoutenable.
Mes lèvres humides se posent sur un bout de chair d'une incroyable douceur en un timide baiser. Puis la langue prend le relais, tantôt du bout, tantôt de toute sa surface avant de l'avaler. Les lèvres glissent, les lèvres avalent, la langue joue, lèche et tête. Il gémit dans son sommeil, le corps pris de légers spasmes comme du temps où il aimait me regarder me délecter de le sucer ainsi. Il prenait un tel plaisir à me voir, regard mutin qui lui promettait tant de délices.

Je n'ose aller plus loin. Je n'ose le chevaucher et retrouver ce plaisir oublié de le sentir en moi. Je n'ose me laisser aller au plaisir qu'il savait si bien déchaîner. Il rêve. De moi. Ne surtout pas le réveiller. Rester un songe.

Je finis mon oeuvre jusqu'à cet ultime râle où il m'imprègne de lui. Puis je m'éloigne et m'assoie dans cette chauffeuse près du lit. Celle où j'aimais lire.
Parfois il se réveille, se souvenant du plaisir, se souvenant de moi. C'est pour cela que je ne reste pas étendue près de lui à écouter son coeur battre et son souffle retrouver le rythme du sommeil paisible.

Il ne doit pas me voir ... Enfin me voir, je me comprends, qui pourrait me voir désormais.
Je suis un courant d'air. Je suis son songe. Je suis la femme invisible.

Illustration : Bandaged invisible woman, par misterdoe, sur DeviantArt

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Commentaires
D
Egalement marqué par l'atmosphère mélancolique, cette tristesse née de la séparation. Les regrets sont palpables, les souvenirs plus brûlants que les échanges, et malgré toute la délicate sensualité de cette scène, ça fait mal, de bout en bout.<br /> Je mentirais en prétendant qu'avec un tel thème la chute était imprévisible, pourtant elle reste subtilement amenée, au point, me dis-je finalement, qu'hors ce fameux thème, ce texte aurait une toute autre résonance, l'invisibilité se transformant peut-être en une métaphore sur l'absence de communication, je ne sais pas.<br /> Un joli texte, dans tous les cas, qui inaugure plaisamment cette session.<br /> <br /> Et bienvenue à notre timide inconnu(e), voici une belle entrée en matière.
D
Moi ce que j'aime par dessus tout c'est la double lecture. Cette sensation de regret d'un amour délaissé, perdu dans la normalité et l'oubli quotidien du temps qui passe...
G
très beau texte<br /> J'aime beaucoup le côté joliment érotique et l'exploitation du thème.<br /> Ce thème promet !
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