Calinéro, par Erick G.

Braves gens écoutez donc l'histoire
d'un vit de peine, de désespoir,
D'un qui faillit trouver l'amour
Qui a souffert plus qu'à son tour.

C'est en Chine que je vis l'jour,
Né dans la graisse et le bruit sourd,
Manipulé dès la prime heure
Par des doigts calleux de labeur.

De négligences en maltraitances,
Je fus déporté vers la France
Avec mes frères clones, je gémis
«Mais quel crime ai-je donc commis? »

On nous mis en concentration
Et souvent nous nous demandions
Ce que dev'naient nos co-détenus,
Où avaient-ils donc disparu?

Puis vint le jour où l'on me prit
Où l'on me vendit à bas prix
Je n'avais donc nulle valeur
Pour ces humains dont j'avais peur.

Je fus extirpé de ma boîte
Par une fine et jolie main moite
Que je pensais lors secourable;
La suite fut bien moins avouable.

De prime abord,le Nirvana!
Elle m'embrassa, me cajola.
Comment eus-je pensé peu ou prou
Qu'elle me r'mettrait direct au trou.

Elle, la sadique, moi, le martyr
Elle m'f'sait entrer, elle m'f'sait sortir.
Voulait-elle ainsi me briser,
Me prendre ce qui m'restait d'fierté?

D'abord, elle parla doucement,
Puis vinrent les cris, les hurlements.
J'allais craquer quand tout cessa,
Quand en cellule, elle me laissa.

Après un instant, cependant
Elle me délivra du carcan
Et me jeta nonchalamment
Sur un duvet de soulagement.

Les temps qui suivirent, nous connurent
Maintes séances de torture.
De geôle en mitard, quel supplice!
Je sus l'éventail de ses vices.

Syndrome de Stockolm ou amour,
Je m'étonnais lorsqu'un beau jour
Qu'elle ne joua pas avec moi,
De ma douleur,de mon émoi.

C'est alors que je remarquai
Sur la commode, un p'tit paquet
Si minus qu'y n'pouvait pas
Concurrencer mon grand format.

Et quand elle l'eût déballé
Je n'vis qu'un petit oeuf doré
Et un bénin boîtier tout plat
Plein de verrues de haut en bas.

Quelle ne fût donc ma surprise
Quand je m'aperçus qu'ma promise,
Qui l'utilisait d'un seul doigt
Se réjouissait plus qu'avec moi.

Je fis mon deuil dans un tiroir,
Avant d'être mis dans une baignoire
Où auprès d'un canard plastique
Je suis une torpille soviétique.

MORALITE

Si avec ses jouets plus qu'avec vous
Votre compagne s'égaille et vibre
C'est certainement que ses joujoux
Sont plus jouissifs que votre chibre.

Comments

[d'autres]

Un peu la même appréhension que le digital vidéo breton en la matière de la morale : déconnectée du reste, pourtant à sa place. J'aime assez pour trancher en faveur du Pour.

[3skel]

Pour la présence de cette petite moralité bien que je ne sois pas d'accord avec elle ... Il faut savoir s'amuser en partageant dans la vie, c'est encore ce qu'il y a de meilleur, l'un ne saurait remplacer l'autre. (Puis je crois être en mesure de saisir le contexte ...)

[dvb]

bah en fait c'ets sans doute le paragraphe que j'aurai le moins apprécier en effet.

Peut être que justement c'est trop "en dehors" par rapport au reste du texte, ça tranche un peu trop avec l'idée générale de la fable (et puis j'ai jamais aimé le mot "chibre").

Cependant l'idée de la morale est pourtant logique et bienvenue au terme d'une fable comme celle-ci.

Alors ... pour, contre... je dirai "mitigé" !!

[Erick]

Ben, tankiou bien pour l'accueil. Ca fait vraiment tout chaud.
D'autant, que l'idée de ce thème m'est venue comme un alibi pour faire des courses en ligne, l'auteur prétextant des recherches tandis que l'amant se délectait par avance de l'usage de certains gadgets.
C'est vil, n'est-ce pas?
La suite n'a été que jouissance. Quelques idées de bases et je me suis laissé porter vers ce résultat. J'ai moi aussi ri et sourit en le concevant, parce que, hein, mon plaisir passe avant le vôtre.
La moralité, facultative, s'inscrit dans un contexte. C'est une espèce de blague privée, si vous voulez. A ce sujet, je vous soumets cette question: POUR ou CONTRE ces quatre lignes finales?

[d'autres]

... pour saluer le nouveau taütor ...