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Zone d'expérimentation
12 octobre 2009

[HS] Be kind, rewind, par Djimi

<p><p>« Be kind, Rewind »</p></p>

attack_of_the_killer_tomatoes


Je me souviens de la toute première caméra que j’ai eue entre les mains. C’était en 1984.
« Entre les mains » est une bien belle expression pour l’appareillage titanesque dont était constituée la dite caméra. Au final, c’était une caméra VHS assez encombrante, dont un cordon la rattachait à un lourd magnétoscope qui pendouillait en bandoulière le long de notre buste. Et c’est dans ce magnétoscope que l’on glissait la grosse K7 VHS que même nos plus jeunes ont au moins connu ou aperçu.

Une caméra, donc qu’un ami de la famille avait prêté à ma mère, le temps d’une journée passée sur le bord du lac de Yaté. Je me souviens –et purée, ça date un peu tout de même- du rendu des images filmées : des images ultra contrastées (avec la terre rouge du Sud en prime !), sorte de compromis entre les couleurs criardes d’un film italien de la fin des années 60, et d’un court-métrage en couleur de notre Manuella Ginestre à nous…Du pur film donc –avec ses sautes d’image en prime- dont je n’ai jamais retrouvé ultérieurement un tel rendu… Nostalgie.

A la fin 1985 ou début 1986 (mémoire, mémoire, dit moi qui est le moins amnésique…), ma mère revenant d’un séjour à Tokyo nous ramène dans notre univers familial nouméen à la dérive, une caméra (VHS encore) sans bandoulière, sans magnétoscope mais avec K7 incorporée : le délire ! (pour 1986, on s’entend, hein !).

Puis consommation de films à la douille aidant, entouré d’une bande de pote boutonneux, on s’est gratté la tête, histoire d’avoir un scénario, un truc à dire quoi ! Au final, nous n’avions rien à dire, mais un vrai besoin de dégurgiter des centaines de films d’horreur (B, Z et plus…) et surtout de nous mettre en scène de manière débile, mais toujours avec cet air sérieux (ou coincé du cul) lié à l’adolescence. Et c’est parti ! Vampires, loups-garous, momies, zombies, tueurs psychopathes (on disait psycho-killers à l’époque), démons, adolescents à la personnalité dédoublée… Et toujours cette sorte de fascination du bien et du mal qui hantaient nos nuits, les yeux rivés, absorbés par nos écrans démoniaques peuplés de monstres de tout genre.

De plus, le milieu des années 80, étaient le zénith du succès de groupes metalleux comme Iron Maiden, Judas Priest, Black Sabbath (période de Ronny James Dio) mais surtout les débuts des trasheux Metallica, Megadeth, Stormtroopers of Death, Kreator et j’en passe. Une philosophie musicale qui nous éloignait de Sissi Impératrice et de Walt Disney… D’ailleurs, si mes souvenirs sont exacts, il y avait toujours plus de philosophie du mal que du bien, dans nos idées loufoques.

Nous jouions tous les tueurs, nous jouions tous les victimes. L’essentiel n’était pas vraiment de tourner un film travaillé, mais de faire les cons, de changer de personnalité, l’espace d’une heure ou plus, devant une caméra. Nous ne mâtions pas nos fringues dernier cri devant un miroir, nous ne jouions pas avec des guitares invisibles écrasés par les ondes hurlantes de nos poste, nous étions nos acteurs ou nos monstres favoris devant ce bout de plastique un peu métallique, qui enregistrait tout…

Personnellement, je ne me rappelle pas avoir été (ni joué) un acteur connu durant ces laps de temps. Par contre, ô combien, j’ai aimé imiter Jason Voorhees (des « Vendredi 13), Michael Myers (des « Halloween »), Freddy Kruegger, Laether Face (des « Massacre à la tronçonneuse ») ou encore le Norman Bates (des « Psychose »). Vivre des moments de sauvagerie pure, un sabre, une hache ou un couteau à la main, sans ne jamais les avoir vécus, dans cette réalité qui est la nôtre, en fin de compte…

Et les effets spéciaux (on disait SFX) dans tout ça ? Jamais de vrais trucages ou maquillages : ni moyens financiers, ni réelle imagination à vrai dire… Je crois que les extrémités de nos créations, se résume par le jour où je jouais un zombie qui sortait de terre, et pour cela, je m’étais noirci de boue et recouvert de vers de terre, rampants qui me chatouillaient, ou encore, pour jouer un loup-garou, je m’étais affublé du tapis poussiéreux en peau de je ne sais quoi, qui traînait dans le salon. Je crois que la pire et la moins crédible de mes interprétations, était celle où je jouais la victime des « dents de la mer », couché au fond de la baignoire de mes parents et tenant à bout de bras, dans l’eau, un requin en bois de 15 centimètres qui était censé me dévorer. Tinnnnn tin…Des fois même, nous tirions à nous, à l’aide d’un fil de nylon de pêche, trop peu transparent, des araignées en plastique qui étaient là pour nous piquer, afin de nous déguster. Je me souviens aussi de Sandra, la fille de plombier, la seule nana à se prêter à nos espiègleries. Je souviens surtout d’un rôle qu’on lui fit tenir dans un court métrage où un pote jouant Satan en personne, la tirait sur des kilomètres par les cheveux, et la faisait disparaître et réapparaitre à sa guise. Un psychanalyste du couple aurait des choses sensationnelles à nous raconter sur notre rapport à la femme, avec de tels sujets…Puis enfin je repense à ma grand-mère qui se prêtait à nos jeux, après que nous ayons lourdement insistés et qui finissait par jouer une victime d’une araignée mortelle en plastique, dodelinant de la tête pour se donner un air innocent avant de se faire attaquer, mais tout en ronchonnant « J’ai autre choses à faire que de faire l’andouille avec vous ! Et puis si les voisins me voyaient…». Tout un programme, donc…

Un programme pas très attrayant quand je revoie ces films aujourd’hui dont voici quelques noms de stars abrégés (pour leur rendre un petit hommage s’ils lisent ce texte) : Laurent S., Yann D., Steeve K., Lionel D., Gregory B.C., Sandra G., Pascal A., Cédric & Jimmy J…

Ainsi que quelques titres abracadabrantesques : « Double esprit », « Double personnalité » (beaucoup de dédoublements au final), « Les aventures d’un tueur con », « Darkness », « Homo’s Kill » (qui est désormais, le plus tristement célèbre de ces films, et le plus nul aussi…), et « Spider »…Sans compter les suites que nous faisions à ces films. Une vraie industrie miniature du cinéma !

Découvrir le film « Be kind, Rewind » de Michel Gondry, m’a beaucoup amusé, car j’en ai revécu cette époque de frénésie filmique avec ses résultats plutôt catastrophiques, mais qui nous plaisaient tant.

Normal, c’étaient nos films…

 

double_personnalite

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Commentaires
D
Pas bien de dire du mal d'un texte qui a été retravaillé et que tu n'as pas relu ! Je plaisante, d'autant que la critique est positive. Et le but n'était pas de travailler un texte mais de retranscrire une autre époque, un passé qui a beaucoup compté pour moi. Hum aaaahhh, ça y est, j'ai exulté.........<br /> Bon, sinon, je ne pense pas être sévère, comme tu l'exprimes, mais le "coincé du cul" dont je parle est quelque chose que je trouve amusante chez un ado (ou une adote) mais nullement une critique sur un mal être, un état de pas encore être, enfin une position du corps (je parle de cela) qui exprime tout cela et qui m'amuse, comme je m'amuse de moi, et de ma propre adolescence. C'est aussi le problème du manque de ^^ ou de ;-) qui empêche la compréhension de ce décalage humoristique ou private joke, si tu préfères.<br /> <br /> (la pauvre ... Finir dans un tiroir ...)<br /> Elle est très très vieille aujourd'hui et n'est plus très loin du tiroir...Peut-être un écho du révolu et de l'altéré, d'ici peu, qui sait... (^^noir).<br /> <br /> Oui c'est vrai que l'exorciste ne m'a jamais trop inspiré, un peu comme le vampire qui sont des thèmes trop liés à la religion pour un gosse qui a grandi dans une famille d'agnostique. Je me serai mal imaginé hurlant "vade retro satanas" ou brandissant un crucifix, ces choses si fictives...<br /> Enfin, après avoir fait des recherches sur le net, il y a quelques années, j'ai lu que des sources du vampirisme (monstre suceur de sang hantant les nuits des gosses) remontent à l'antiquité, mais aussi en Polynésie et dans un grand nombre de cultures qui cultivaient (justement) en surnaturelles légendes urbaines, l'existence. Bram Stoker & Hollywood en ont fait une créature satanique... <br /> Mais des créatures surnaturelles telles le loup-garou ou le zombies (plus très haïtiens avec Hollywood) m'ont toujours beaucoup plus fascinées. Et le serial killer / slasher et le requin : des créatures qui t'infligent une mort rapide, loin de tout l'érotico-romantisme (et homosexuel pour certains) lié au vampirisme. Une adolescence faite d'action, plus que de rêveries peut-être...<br /> <br /> Enfin, le film de Gondry m'a rappelé mon univers de "créateur" ado tout en abordant une trame différente. Mais, bien entendu, c'est cet amateurisme du bout de ficelle et du non-crédible qui m'a rappelé à mon doux passé.<br /> Pour ce qui est de la prise en négatif, ce que je considère comme l'équivalent de la "nuit américaine" (image bleutée pour imager la nuit) et que je trouve assez nulles pour les 2, je n'avais pas cette option sur ma caméra à l'époque. J'ai retrouvé cette option (qu'est-ce que je me répète...) des années plus tard sur un ban de montage analogique, puis sur les caméscopes numériques où tu as le "night shot" pour filmer de nuit, et qui rend un truc dans le genre pas loin, ou en moins crédible peut-être. Non, nous tournions avec des éclairages artificiels (ampoules de plafond, donc) pour la nuit, et je crois que le seul effet dont j'ai beaucoup abusé est ce qu'on appelle "la caméra subjective" où ce qui est filmé remplace le regard de l'un des personnages. Pratique excellente pour des films comme les "vendredi 13" et aussi les "evil dead" où la caméra est posée sur une mobylette en accélérée pour simuler le démon. Et ça m'est même arrivé de jouer de la caméra subjective en raze-motte, dans l'herbe pour jouer sur le regard de mon araignée mortelle en plastique qui cherche sa proie. Et c'est du plus mauvais effet...Le bruit des feuilles et des tiges d'herbe qui frottent sur le micro de la caméra en plus...Et nous n'avions pas de table de montage, ni de mixage, c'était du vrai tourné-monté comme dans Be Kind Rewind.<br /> Enfin voila, j'abrège ici, sinon, je pourrais passer la nuit à me raconter.
D
Tiens, mince, me rends compte que le texte mis en ligne diffère légèrement de celui sur lequel j'ai commenté ...
D
(la pauvre ... Finir dans un tiroir ...)<br /> <br /> <br /> "Cassette", plutôt que "K7". "Du pur film donc - avec ses sautes d'image en prime - rendu que j'ai jamais retrouvé ultérieurement ..." me semble mieux passer. "le zénith du succès", une belle redondance qui prêterait presque à sourire. Pour le reste, de l'orthographe à corriger, un peu de conjugaison, rien de finalement trop préjudiciable à la lecture.<br /> <br /> Pour ce qui est du contenu, je souris intérieurement à l'évocation de tes premiers pas cinématographiques. Etrangement, je ne suis pas le moins du monde surpris que tu aies, avec tes potes, rejoué toute la filmographie trash-gore des années 80' (mention spéciale au requin en bois dans la baignoire). A la réflexion, je me dis que j'aurais totalement adhéré à cette entreprise, le choix des thèmes et des inspirations aidant (puis quelqu'un reconnaissant RJ Dio dans le zénith de Black Sabbath ...).<br /> Surtout, j'apprécie particulièrement le passage du film familial à une "industrie du cinéma miniature".<br /> Tiens, puis j'observe que l'Exorciste n'apparaît pas dans l'énumération. Oubli ou distinction des "slashers" comme on dit maintenant ?<br /> Je goûte aussi particulièrement le fait de se creuser la tête pour trouver une histoire, avant de convenir qu'il n'y a rien à dire, sinon le besoin de rendre son quatre heures horrifique.<br /> <br /> Ce qui est sûr c'est que ça fleure bon le souvenir d'ado, avec un regard un peu sévère, peut-être sur ce monde merveilleux de ""coincés du cul".<br /> Bref, un agréable partage qui se lit plutôt bien.<br /> <br /> Mais comme je te le disais par ailleurs, ce qui est certain c'est que ça fait une excellente promotion au film de Gondry. Testé et approuvé. J'avais le film en rayon, sans avoir encore réussi à m'y risquer, cette lecture m'y a aidé, et les deux se sont fait écho. Le film m'a beaucoup amusé, parce qu'il est très amusant, mais peut-être aussi parce qu'à un niveau ou un autre je vous voyais, ta bande de potes et toi, vous prenant la tête comme les deux compères de Be kind, rewind. Et à revers, le film a illustré des passages de ton texte assez brillamment (une mention spéciale à la prise en négatif pour rendre le jour, sûr que vous avez testé).
D
Pas pour moi. Je ne suis pas un adepte du conte.<br /> Mais, par contre, je mets cette grand-mère dans un tiroir en attendant de la ressortir pour un éventuel autre texte...
L
C'est toujours très sympathique de se remémorer nos frasques adolescentes et avec qui on les a tricotées: il ne faut jamais oublier l'enfant en soi.<br /> Cette grand-mère qui fait l'actrice en ronchonnant est très drôle et mériterait de figurer dans une histoire aux côtés d'un loup et d'une petite fille...
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