Le goût des adieux 1/9, par d'autres
<p>Son cœur s’est arrêté de battre un beau matin, ou peut-être une</p>
A l'heure de ma naissance, il me fallut une minute avant de me mettre à
respirer. C’est peu. Mais pas tant que ça. Je peux même
vous dire que j’ai pu sacrément gamberger. Mon naturel
optimiste aidant, je pris le temps de recenser ce qui mériterait
de figurer dans mon testament. Faut bien s’occuper.
Ainsi,
il me parut aller de soi que mon cordon, l’ombilical, je veux dire,
reviendrait à la science, seule à même d’en
tirer quelque chose.
De
même, il était évident que mon organisme
post-embryonnaire méritait d’aller à une riche
clinique offshore travaillant sur les cellules souches. Non par
altruisme, simplement pour me dire que j’aurais été
un jour, d’une manière ou l’autre, du bon côté
du système. Le rentable, s’entend, de côté.
Pour
le reste, j’étais trop détaché des possessions
matérielles pour avoir quoi que ce soit de plus à
léguer. Ça me pris tout de même l’essentiel de
cette minute de m’en assurer.
Finalement,
un drôle tout blanc me colla une machine sur le visage, et
comme on pousse une voiture dont la batterie est morte, on me souffla
assez dans les bronches pour que je daigne enclencher.
Du
coup je ne sais pas ce qu’ils ont fait de mon cordon, pas plus que
je n’aurai eu le loisir de contribuer à l’essor de la
recherche régénératrice.
Mais
ça m’a donné le goût des testaments.
(La suite sur Sourlounge, parce que c'est long, mine de rien)
Illustration : birth, par suzi9mm, sur DeviantArt