Transfert et traduction, par d'autres

Barbie – Ca ne va pas ?
Ken – Hm ?...
Barbie – Dis-moi !
Ken – Si, si, ça va ...
Barbie – Arrête de me prendre pour une cruche ! Tu n'as pas dit un mot depuis qu'on a quitté Dora.
Ken – Et alors ?
Barbie – Et alors, quand tu ne dis rien c'est qu'il y a quelque chose.
Ken – Hm ...
Barbie – Alors ? Qu'est-ce que j'ai encore fait ?
Ken – Qu'est-ce que tu as encore fait ?
Barbie – Je te demande.
Ken – Qu'est-ce que tu voudrais avoir encore fait ?
Barbie – Je ne sais pas, mais tu vas me le dire. Tu ne dis rien, donc ça ne va pas, donc tu me reproches quelque chose.
Ken – Laisse tomber.
Barbie – Ha non ! Pas question ! Tu fais la gueule et moi je dois rester sans rien dire en attendant que ça passe ?! Mais j'en ai marre de fermer ma gueule ! Marre de faire comme si de rien n'était ! Cette fois je l'ouvre, ma gueule, que ça te plaise ou non !
Ken – Et allez ...
Barbie – Oui, et allez ! Oui, c'est parti ! Tu peux soupirer, je ne vais pas me taire, cette fois !
Ken – Tu me dis ça à chaque fois.
Barbie – Mais parce qu'à chaque fois c'est pareil ! Arrête, merde ! Exprime-toi ! Vide ton sac ! Au moins ce sera dit !
Ken – Tu veux savoir ?
Barbie – Mais bordel, oui, je veux savoir ! C'est ce que je te demande depuis tout à l'heure !
Ken – Il y a ...
Barbie - ...
Ken - ...
Barbie - ...
Ken – Je ...
Barbie – Hm ?
Ken – J'ai bien vu comme tu regardais Dora ...
Barbie – Comme je regardais Dora.
Ken – Oui. Comme tu regardais Dora.
Barbie – Et je la regardais comment Dora ?
Ken – Oh arrête, tu sais très bien comment tu la regardais Dora.
Barbie – Non, justement. Si je te demande c'est parce que je ne sais pas comment je la regardais Dora.
Ken – Ben voyons ! Tu la déshabillais pas du regard Dora, par hasard ?
Barbie – Moi, je déshabillais Dora du regard ?
Ken – Oui, toi, tu la déshabillais du regard à un point que c'en était gênant pour tout le monde. IL aurait fallu que tu lui fourres la main entre les cuisses pour avoir une chance d'être plus gênante.
Barbie – D'accord !...
Ken – Et tout le monde s'en est rendu compte, Dora la première. Et tout le monde était gêné, Dora la première.
Barbie – Ha ouais ? Tout le monde était gêné parce que soi-disant je déshabillais Dora du regard ? Et pas parce que tu draguais ouvertement Candy Fraise ? T'es sûr ?
Ken – Moi, je draguais ouvertement Candy Fraise ? C'est nouveau, ça !
Barbie – C'était pas ce que tu faisais – Oh Candy, laisse-moi remplir ton verre – Oh Candy, ta couleur est magnifique aujourd'hui – Oh Candy, comment vont tes amours – Oh Candy, j'aime tellement discuter avec toi … Même Spiderman s'en est rendu compte, c'est te dire, lui qui d'habitude ne voit rien.
Ken – N'importe quoi ! Candy est ma meilleure amie, j'apprécie juste les rares moments que je peux passer avec elle.
Barbie – Dis plutôt que tu apprécierais juste de pouvoir la sauter. C'est ton genre, non, les cheveux rouge ? Et puis elle n'a tellement pas de personnalité, tu ne serais même pas obligé de t'expliquer.
Ken – Mais ça va bien, oui !? Tu arrêtes avec Candy et ta jalousie mal placée ! On est amis, ça ne va pas plus loin, et pour ce que j'en sais, c'est avec toi que je couche. Les rares fois où tu es disposée en tout cas.
Barbie – Les rares fois ?! T'es gonflé ! C'est tout juste si je ne dois pas te supplier pour que tu daignes me toucher. Les rares fois ?! Si je te laissais faire, on baiserait une fois de temps en temps, pour l'hygiène. LES RARES FOIS ?!!! Tu me désires tellement peu que je ne sais jamais si tu vas arriver à bander !
Ken – C'est sûr que le reste du temps tu es une invitation à la luxure, entre les bigoudis et les charentaises. Une vraie sex bomb. Tiens j'en bande tellement que quand tu es enfin présentable, je n'ai plus de force.
Barbie – Connard, va ! Tu te crois malin ?! T'es tellement mieux ! Tellement plus séduisant avec ta brioche, avec ta calvitie naissante, avec ta barbe mal taillée. Mais tu crois quoi ? Que j'ai envie de jouer les playmates pour monsieur après ma journée de boulot ? Que je vais faire le ménage en nuisette pour entretenir la flamme de monsieur ? Alors que la première chose que tu fais en rentrant c'est de te foutre en caleçon pour bloquer devant la télé ? Tu rêves bonhomme. Si tu voulais une soubrette à fantasmes, fallait te trouver une autre potiche ! Ha non, pardon, j'oubliais, tu ne sais pas y faire avec les filles ….
Ken – Je ne sais pas y faire avec les filles ! Ha bon ! Et on a finit comment ensemble, hein ? Par l'opération du Saint-Esprit ?
Barbie – Attends, coco, je re-situe. Qui est-ce qui t'a fait de l'oeil pendant des moi avant que tu lèves le nez de tes comics ? Qui est-ce qui a engagé la conversation alors que tu rougissais dès qu'une fille t'adressait la parole ? Qui est-ce qui t'a proposé d'aller boire un verre alors que tu bredouillais comme un puceau, les yeux au fond de mon corsage ? Le Saint-Esprit, peut-être ?
Ken – Bonjour le sacerdoce. Tu t'étais déjà faite toute la fac. Lever un boutonneux c'était autant un défi que de l'ennui ...
Barbie – Attends ! Tu me traites de pute, là !? TU ME TRAITES DE PUTE, SALE CON ?! NON MAIS JE RÊVE ! JE T'AI TROUVE ORIGINAL, ATTENDRISSANT, BEAU MÊME, SOUS TES BOUTONS, ET TOI TU N'AS VU QU'UNE PUTE ?!!!
Ken – Vas-y, réveille Cindy.
Barbie – QUOI, REVEILLE CINDY ! DEPUIS QUAND TU TE PREOCCUPES DE TA FILLE ?! ELLE N'EST PAS UNE FACON DE ME FAIRE TAIRE ! TA FILLE N'EST PAS UN PRETEXTE !  COMMENCE PAR T'OCCUPER D'ELLE AVANT DE M'ENVOYER CA A LA GUEULE !
Ken – HO ! TU M'EMMERDES ! MA FILLE JE M'EN OCCUPE ! JE T'INTERDIS DE DIRE LE CONTRAIRE !!
Barbie – TU M'INTERDIS RIEN DU TOUT ! T'OCCUPER DE TA FILLE C'EST PAS SEULEMENT LUI PAYER UNE GLACE ET LUI METTRE UN DVD POUR AVOIR LA PAIX ! T'OCCUPER DE TA FILLE C'EST PAS SEULEMENT L'AMENER AUX MANEGES POUR COMPENSER TON MANQUE D'INTERET ! MAIS C'EST TELLEMENT PLUS CONFORTABLE DE JOUER AU PERE IDEAL ! C'EST TELLEMENT MIEUX DE NE PAS ASSUMER LES CORVEES !
Ken – ASSEZ ! J'EN AI MARRE ! JE ME CASSE !
Barbie – C'EST CA ! CASSE-TOI ! C'EST TOUT CE QUE TU SAIS FAIRE ! FUIR ET FERMER TA GUEULE ! VA DONC PLEURER CHEZ TA CANDY ! VA JOUER L'HOMME BRIME DANS SES BRAS !
Ken – Connasse !
Barbie – MINABLE ! TU M'ENTENDS ?! PAUVRE MINABLE ! ET INUTILE DE REVENIR AVEC DES FLEURS CETTE FOIS !
Maman – CINDY ?! RANGE TES POUPEES ET VIENS METTRE LA TABLE !
Cindy – TOUT DE SUITE, MAMAN !




Cindy – Dis Maman, il revient quand Papa ?
Maman – Je ne sais pas, ma chérie, je ne sais pas ...

Illustration : Dollhouse, par jaytablante, sur DeviantArt

Comments

[d'autres]

D'accord avec le manque de réalisme de cette querelle d'adulte placée dans la bouche d'une enfant. Le propos toutefois était de souligner la position d'un enfant confronté aux disputes parentales, en insistant sur l'incompréhension, et la tentative de traduction par le jeu. A ce titre donc, je pense que le dialogue n'est pas tant à prendre comme une réalité que comme une symbolique.

Par contre, Lila, je conviens que les bigoudis/charentaises cassent la représentation Barbie du dialogue. J'aurais peut-être dû pousser plus dans l'identification aux poupées et faire abstraction de cette épisode, pour accroître l'effet de la chute. A revoir donc.

[Lila]

J'ai trouvé l'idée et le dialogue excellents et très drôles tant que j'ai cru qu'il s'agissait d'une dispute entre Ken et Barbie. Avec charentaises,bigoudis et calvitie je ne pouvais plus y croire évidemment...comme si le sujet du texte avait dérapé: j'ai trouvé ça dommage !
Merci pour toutes ces lectures amusantes.

[Gwen]

Beaucoup aimé ce texte qui fait au final mal au ventre !
La chute est assez dure !

Je suis assez d’accord avec le commentaire d’Erick par contre.

Certains dialogues sont excellents surtout la première partie avec cette engueulade pour du silence…
Une version trash de Toy Story... Quel benêt ce Spiderman

[Erick]

La chute est bonne, ma foi. Surprenante. Mais quand on relit le texte ensuite, on ne peut imaginer une petite fille répétant ces mots perçus de scènes parentales. Même par mimétisme, c'est un peu trop complexe, non?